mardi 21 août 2018

Les étapes de la séparation : 3e étape : la tempête des émotions

La tempête des émotions : la période après l'annonce de la rupture

 

Lors de mes deux précédents articles, je vous ai décris  les deux premières étapes d'une séparation. La première est le cheminement intérieur tumultueux  qui conduit à l'annonce de la rupture. Annonce qui est  la 2e étape. 
Maintenant que la séparation est confirmée, c'est dorénavant le temps de la survie émotionnelle. 

La 3e étape est celle de la tempête des émotions

 

Il faut gérer la dualité : faire face tous les jours aux exigences de notre nouvelle situation alors que nous sommes dans un état de souffrance plus ou moins intense. Se concentrer pour trouver une nounou, se libérer du temps pour trouver un logement susceptible de nous accueillir correctement avec nos enfants tout en restant dans notre fourchette de prix, gérer les plannings, tenir face aux avocats, aux enfants, aux collègues, à notre ex...alors que nous sommes submergés par l'impression de ne jamais pouvoir y arriver. Les tâches les plus banales et anodines nous demandent tant d'efforts ! J'avais l'impression personnellement d'avoir la tête dans du coton. Je changeais d'humeur du jour au lendemain, au gré des circonstances, voire même d'une heure à l'autre.. Mon angoisse se traduisait par de grandes insomnies. C'était d'ailleurs la même impression que lors du décès de ma mère et je me sentais coupable de ressentir cela alors qu'il n'y avait pas mort d'homme cette fois. J'ai compris bien plus tard que ces émotions sont normales aussi pour une séparation car on a plusieurs deuils à faire : celui du couple, de la famille, du logement familial, de la vie idéale....
On est tellement envahi par nos émotions si contradictoires qu'on se sent perdu et sans valeur. 

Heureusement c'est une période tout à fait normale et il faut bien le dire à ceux qui vivent actuellement cette tempête : elle va passer ! On a besoin de temps pour cicatriser, pour dépasser ce traumatisme qu'est la séparation ou le divorce, mais ça ne dure pas !

Le meilleur moyen que je connaisse est , non pas d'ignorer nos émotions, mais de les accueillir et de les accepter. Les refouler ne les fait pas disparaitre. Chaque émotion que nous ressentons nous permet de nous connaître un peu mieux.  Reconnaître, savoir, c'est le début de l'acceptation.

Je fais ici le tour des 5 principales émotions qui nous submergent alors pour mieux les cerner, les comprendre et pouvoir les dépasser.

La peur : je crois que c'est le sentiment le plus présent lors d'une séparation car elle est le résultat de la perte du sentiment de sécurité. 

Or la fin du couple fait voler en éclats les fondations de notre vie d'adulte. Le sentiment de sécurité qu'on avait construit petit à petit a explosé avec cette rupture et on se retrouve seul(e) et vulnérable. C'est normal alors d'avoir peur car on est sans cesse confronté à l'inconnu : il faut s'occuper de la procédure de divorce, il faut vendre son logement, en trouver un adapté... et la peur augmente si l'on a des enfants. 
Cette peur nous empêche de penser, elle paralyse notre capacité à prendre des décisions censées. On a peur alors on risque d'opter pour la stratégie de l'autruche qui plonge la tête dans le sable : on ne  regarde pas les problèmes et on ne se renseigne pas sur les options qui s'offrent à nous. De temps en temps, il est bon de se faire aider pour avoir les adresses de personnes ressources : des personnes compétentes dans leur domaine. Mais je me méfie beaucoup des conseils de nos proches, souvent trop impliqués émotionnellement pour bien nous conseiller.
C'est le pourquoi de ce blog : quand je me suis séparée de mon ex mari, j'ai été frappée par l'agressivité de mon entourage et la société dans son ensemble. C'est comme si cela faisait plaisir à tout le monde si les choses dégénéraient entre nous, amplifiée par l’intérêt financier des avocats. Je veux expliquer ici qu'il est possible de bâtir une relation autre et positive pour tous : soi, son ex et les enfants. Ceux qui me connaissent savent que c'est ce que nous faisons tous les jours. C'est un chemin que nous pouvons tous emprunter. L'état d'esprit dans lequel vous envisagez votre séparation et les années qui suivent est déterminant et peut changer. Ce n'est pas parce que vous avez commencé votre séparation dans un état conflictuel que vous ne pouvez plus changer les choses. Au contraire : rien n'est figé quand il s'agit des émotions humaines !
Alors première action que nous pouvons faire : nommer notre peur. C'est un bon moyen pour se dégager progressivement de son effet. 


La colère : quand on a l'impression que l'autre n'a pas fait ce qu'il fallait pour sauver notre couple, la colère, le ressentiment ou la rancœur sont courantes.

On ressent alors du rejet, le sentiment d'avoir été abandonné(e) ou trahi(e)  ou les deux à la fois. On a été incompris(e). Le fait d'avoir l'impression que l'autre a conspiré dans notre dos ou continue à le faire, de se sentir humilié(e), impuissant(e) ou honteux, tous ces sentiments peuvent générer de la colère en nous.  La colère est très mauvaise conseillère car elle peut être à l'origine d'une dynamique de disputes incessantes. Le risque est alors que la procédure de divorce ne finisse jamais car on est dans une lutte qui s'auto-alimente. Si on ressent de la colère de façon transitoire, cela peut nous aider à passer de l'amour au désamour, elle peut aussi être une façon de se protéger. Mais quand elle s'installe, c'est un moyen de perdurer le lien avec son ex et c'est surtout un moyen de s'empoisonner la vie, notre propre vie. La haine conduit à la haine. Sous le coup de la colère, on peut agir de la pire façon : détruire ce à quoi tient l'autre, le harceler au téléphone, chercher à lui faire du tort, et surtout le diminuer dans les yeux des enfants.  Utiliser les enfants pour nuire à l'autre est facile mais tellement destructeur pour eux !
La colère est néfaste pour nous mais en plus elle a un impact fort sur notre entourage. On projette notre mauvaise humeur sur nos enfants, nos collègues, nos amis qui à force s'éloignent de nous. Avez-vous déjà fait l'expérience de côtoyer quelqu'un enfermé dans sa propre colère ? Cette personne perd rapidement tout attrait à nos yeux ...Je vous invite à méditer là-dessus si vous vous sentez souvent en colère contre le monde entier.
On peut ressentir aussi de la colère devant le bonheur des autres et c'est ce qui est souvent le plus difficile à comprendre pour les autres. Ce n'est pas l'image de leur bonheur qui nous déplait, c'est l'image de ce qu'on a perdu qui nous est insupportable.

Comment faire pour dompter cette colère ?
Cela demande un réel effort pour apprendre à la maîtriser. Et cela commence par la reconnaître. Elle fait partie du processus de séparation et est normale. Le meilleur moyen de contrôler la colère est de l'exprimer par des mots. Nos meilleurs alliés sont alors ceux qui peuvent l'entendre sans nous juger pour autant. A nous de fuir ceux qui l'entretiennent et qui jettent de l'huile sur le feu. Et soyons honnêtes : les personnes qui peuvent entendre notre colère sans la juger ni l'amplifier ne sont pas nombreuses mais elles existent ! A nous de nous appuyer sur elles. Exprimer sa colère ne veut pas dire s'autoriser à tout dire, et surtout pas devant les enfants qui prennent tout pour argent comptant. Reconnaître notre souffrance et notre colère en cette période de séparation et de deuil à faire réduit leur impact et leur force.
Par ailleurs si on parvient à entendre la colère de l'autre, celui ou celle dont on vient de se séparer, sans chercher à argumenter systématiquement ni à la minimiser alors c'est un message d'ouverture que nous lui envoyons. Le dialogue sera à nouveau possible progressivement entre nous deux. Le fait d'identifier nos propres peurs vis-à-vis de cette nouvelle relation à inventer permet de connaître mieux notre colère et de l'atténuer.
Au début, je ne pouvais envisager de discuter avec mon ex chez lui ou chez moi, alors on s'est régulièrement retrouvés seuls dans un bar, où l'on pouvait librement exprimer nos sentiments sans avoir l'impression de souiller notre habitat ou d'en ressentir les mauvaises ondes. Exprimer notre colère c'est aussi nous donner les moyens pratiques de le faire en se préservant.

La tristesse : le sentiment qui va le plus de soi quand on est quitté, mais qui est le moins accepté quand on est à l'origine de la séparation.

Notre tristesse pendant cette période est très importante et normale. Même si le mot fait peur, on peut parler de dépression. C'est un temps d’acceptation de la perte de la relation et de tout ce qui va avec. On est en proie à des insomnies, des troubles de l'appétit, une grande difficulté à se concentrer au travail. On ressent des difficultés à envisager l'avenir de façon positive, on se dévalorise beaucoup, on n'a plus envie de sortir de chez soi....
Évidemment tous ces troubles sont variables dans le temps et d'un individu à l'autre mais on les ressent tous et c'est normal. Et surtout : ils vont passer !
La réaction de l'entourage à notre tristesse varie en fonction de leur perception de qui est à l'origine de la séparation. C'est comme si celui qui "subit" a le droit d'être triste et pas celui qui est à l'origine de la rupture : comme si on rejetait la responsabilité sur un seul des deux et qu'on lui reniait en plus le droit de se sentir triste et donc lui aussi de faire le deuil de la relation ! Et là je dis attention : cette attitude est très destructrice à long terme. Les responsabilités sont partagées et chacun a un travail de deuil à faire. Je sais que cette phrase peut choquer certains d'entre vous mais je suis profondément convaincue de sa véracité. Par commodité, j'ai laissé croire que c'était mon ex qui avait pris l’initiative de notre séparation, (ce qui d'ailleurs est vrai car c'est lui qui a dit "stop") pour qu'on m'octroie le droit de me sentir triste alors que c'est moi qui avait une liaison extra-conjugale et donc qui peut être considérée comme à l'origine de notre séparation ! Nous ne sommes jamais dans la tête des autres alors attention à ne pas nier des sentiments importants.  Chacun pourra alors faire son propre deuil à son propre rythme.


La culpabilité : c'est le plus paralysant de nos sentiments à mon avis.

On relit sans cesse le passé et on trouve alors toujours des raisons de se reprocher notre attitude, nos paroles. Cette relecture est totalement vaine et bloquante : on ne réécrit pas le passé. Personne n'en a le pouvoir. Et en plus elle a comme effet de nous tétaniser à l'idée de reproduire les mêmes erreurs. On affaiblit considérablement notre estime de soi en agissant ainsi, et bien souvent on s'autopersuade qu'on est incapable d'être heureux. Il est alors bien difficile d'envisager une autre rencontre amoureuse ou de savoir la gérer si elle se présente !
Bien souvent cette culpabilité s'accompagne d'une envie de se racheter auprès de son entourage ou de ses enfants, et nous porte à adopter une conduite excessivement permissive ou dispendieuse.
En revanche si on parvient à en discuter avec son ex-conjoint(e), en faisant fi de son amour-propre, la qualité de notre relation post séparation s'améliore. On gagne en apaisement et en estime de soi.

L'envie de revenir, de recoller les morceaux ?

C'est un sentiment qu'on ressent souvent mais il est rarement lié à un amour profond, plutôt lié à tout un tas d'habitudes, à nos peurs concernant les conséquences de la rupture ou encore à notre incapacité à supporter la solitude. On se demande ce que fait l'ex- conjoint(e), à quoi il ou elle pense, qui il ou elle rencontre... Ses pensées peuvent tourner en boucle dans notre tête : c'est qu'on a du mal à accepter la réalité de la séparation. Notre entourage peut avoir l'impression qu'on radote, mais cela fait partie du processus. Non, vous n'êtes pas folle ou fou ! Faites confiance au processus : cela va passer. 

 Une 3 étape agitée et qui conditionne la suite 


Cette 3e étape correspond souvent à celle des procédures judiciaires si l'on était mariés. Il est donc compliqué de gérer à la fois nos intérêts et nos émotions. C'est pourquoi il vaut mieux mieux bien se faire conseiller, aider par des professionnels compétents. Il est important de savoir ce qu'on peut faire pour prendre les bonnes décisions et ne pas se laisser guider uniquement par nos émotions.
Par exemple si on aborde le divorce avec l'intention de faire payer notre ex-conjoint(e), de se venger de lui ou d'elle, on ne pourra créer que du négatif.  On a tout intérêt à identifier nos émotions, et donc commencer par les accepter pour pouvoir les gérer : est-ce que je ressens de la colère, de la peur, de la culpabilité ? Grosso modo cette 3e étape prend un an. Au-delà il vaut mieux se faire aider par un professionnel pour passer ce cap et pouvoir enfin envisager la 4e étape : celle de la convalescence, que j'aborderai dans un prochain article.

Alors dites-moi : quel est le sentiment qui vous bloque le plus en ce moment ? Avez-vous bien identifié toutes vos émotions ? Je suis vraiment curieuse de connaître votre ressenti à ce sujet. Sentez-vous libre d’échanger avec la communauté des gens qui vivent une séparation plus ou moins lointaine et douloureuse, en laissant un commentaire, anonyme ou non, sous cet article. J'ai créé ce blog pour vous aider aussi à briser votre solitude :-)

Allez prenez soin de vous et de vos belles pommes d'amour !
A très bientôt
Céline

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