jeudi 5 juillet 2018

Comment réussir son divorce sans détruire sa famille ?

Comment réussir son divorce sans détruire sa famille ?


Comment gérer la fin de l'amour du couple en évitant la détérioration de la famille ? Comment conjuguer la fin d'une histoire avec la permanence d'un lien familial ? C'est une question qui m'a empêché de dormir de très nombreuses nuits. Qui n'a jamais eu envie de préserver au maximum ses enfants des conséquences de sa séparation ? Je crois que tous les parents qui se séparent se sentent concernés par de tels objectifs. Élever ses enfants dans un climat serein, dans une famille désunie certes mais apaisée.

Voici deux stratégies très puissantes pour éviter de tomber dans le conflit ouvert avec son ou sa (futur) ex et pour permettre l'épanouissement de ses enfants.

1ère stratégie : La compréhension de la mécanique de l'amour brisé 

Quand on se quitte, on utilise souvent des termes très forts pour décrire nos émotions : on se sent ravagé, vidé, anéanti, détruit, dévasté... Souvent on a l'impression de perdre pied dans sa propre vie. Mais pourquoi une rupture provoque chez nous l'impression que la terre se dérobe sous nos pieds ? Que nous sommes atteints dans nos fondations même ?
Nous avons le sentiment que privé de l'amour de quelqu'un, c'est notre identité même qui se fragilise. Nous ne sommes plus rien. Nous avons même peur de ne pas survivre à cet évènement.
C'est qu'on se construit sur la certitude d'être aimé(e). Ce lien se tisse petit à petit et fait partie de notre personnalité. Lors d'une rupture amoureuse, nous pouvons alors faire un raccourci et notre solitude nous renvoie à la perception de ne pas être aimé(e). Cette solitude est alors vécue comme traumatisante et à fuir.
Nous tissons nos liens d'amour tout au long de notre vie et de différentes façons. Le psychiatre Stéphane Fauré parle d'amour parental, de lien fraternel, d'attachement filial, de passion amoureuse, de profonde amitié ou de sympathie. Tous ces liens nous font exister : parce que nous sommes reconnus pour ce que nous sommes dans le regard de l'autre.
Lors d'une séparation, il semble essentiel de se remémorer qu'un seul amour ne nous définit pas profondément, que nous sommes aussi la somme de toutes ces formes d'amour. Avoir conscience de sa valeur par les relations que nous avons noués au sein de notre famille au sens large, avec nos amis, avec nos relations de travail est essentiel pour ne pas s'autodétruire ou se reconstruire après une rupture.

2ème stratégie : L'interrogation de la définition même de la "famille"

 

Quand je me suis séparée du père de mes enfants, je culpabilisais énormément parce que je détruisais la famille. Je me suis alors beaucoup interrogée sur ce qu'est réellement une famille et toutes mes lectures convergent vers 5 points essentiels :  


a.  une famille c'est un lien éthique :
Elle nous donne la vie et en même temps elle crée une dette envers elle.  Cette dette nous amène souvent à être loyal envers nos parents volontairement ou non. Or souvent il faut passer par des trahisons pour se libérer et être soi-même réellement.  Je n'ai  pas su regarder en face, par exemple, la vérité sur l'état de ma relation avec mon ex mari, tant que ma mère était en vie. Inconsciemment le devoir de "réussir ma famille", comme elle, était trop fort. 
Si pour être nous-mêmes, nous devons quelquefois trahir nos parents, il me semble que nous pouvons reconsidérer l’éventuelle "trahison" de nos propres enfants. Ce n'est pas une atteinte à notre intégrité mais une construction de la leur. 

b. une famille c'est un lien de filiation :
C'est ainsi que nous savons d'où nous venons. C'est le récit de nos origines, peu importe ces origines. C'est aussi l'origine de l'espère humaine au sens large. D'ailleurs quand on étouffe dans sa "cellule" familiale, on recherche d'autres liens à travers notre amour commun pour une passion, un pays, une région.
Ce lien de filiation est fortement recherché par les enfants de parents divorcés, surtout quand ils n'ont pas de souvenirs de vie commune avec papa et maman.  Leur raconter simplement les choses sans embellir ni démolir le passé est très constructif pour eux.

c. une famille c'est un lien moral :
On transmet nos valeurs, nos représentations du monde. Les enfants s'enrichissent au contact de valeurs différentes et ils savent très bien faire la part des choses à partir du moment où nous sommes sincères et authentiques. C'est normal que ce ne soit pas exactement la même chose entre chez papa et chez maman.

d. une famille c'est un sentiment d'appartenance :
Nous créons des rituels communs qui nous donnent ce sentiment, par rapport à d'autres familles. Et je peux vous dire après 5 ans de séparation que le fait de vivre dans 2 maisons différentes avec des rituels différents ne pose aucun problème à nos enfants. L'essentiel est d'en avoir avec eux, et surtout de développer une complicité avec chacun d'entre eux. A partir du moment où ils sont reconnus, ils s'apaisent. Les colères sont souvent des appels à l'attention. Au début c'est difficile quand on est parent solo parce qu'on manque d’énergie. Mais le seul rituel de la lecture du soir peut suffire.

e. une famille c'est un lien ontologique :
Chacun a la possibilité d'être reconnu dans sa particularité au sein de ce groupe famille et donc d'être unique, d'exister. On devrait permettre à nos enfants de se servir de la famille comme point d'appui pour qu'ils osent se réaliser eux-mêmes. Or bien souvent nous les enfermons dans nos propres projections, souhaits, revanches. Ou peut-être avons-nous été enfermés... En passant du temps avec chacun de nos enfants en respectant sa personnalité propre, nous faisons beaucoup plus pour sa construction qu'en se disputant avec son père ou sa mère par exemple.

Toutes ces dimensions familiales permettent de comprendre que la dissolution du couple ne détruit pas la famille pour les enfants. C'est un autre mode de fonctionnement, c'est tout.
Cette compréhension m'a permis de cesser de culpabiliser et d'autoriser de facto mes enfants à déployer davantage leurs ailes.

J'espère vous avoir permis de comprendre les mécanismes en jeux dans la perte d'un amour et ceux liés à la famille. Ce sont de bonnes clés pour réussir votre séparation.
Passez à l'action et identifiez celui qui vous fait le plus peur. Dites-moi : quel est l'aspect que vous ne soupçonniez pas ? Celui qui vous rassure ?
Tenez-moi au courant ! Votre avis m'intéresse beaucoup.

Prenez soin de vous et de vos belles pommes d'amour !
Céline
 
 

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