dimanche 20 mai 2018

La séparation et son cortège de peurs

Un sentiment inévitable en cas de séparation : la peur


Alors que la vie commune est devenue éprouvante, pesante, compliquée, que les signes du désamour se sont installés depuis bien longtemps, nous hésitons toujours à tirer les conclusions qui s'imposent : nous devons nous séparer. Car nous avons peur... Une peur qui nous envahit, nous paralyse.


Selon moi, voici les principales peurs qui nous retiennent et nous empêchent de dormir pendant de longues nuits....


1. La peur de faire souffrir ou de souffrir

 

Il est en effet plus facile de se poser en victime plutôt que d'endosser la culpabilité d'avoir détruit le foyer et d'essuyer les reproches des uns et des autres. Même si je n'étais plus heureuse dans mon couple, j'étais incapable d'y mettre fin volontairement consciemment. On peut aussi être anéanti(e) à la pensée de souffrir de l'absence de l'autre, ou d'être à l'origine de son effondrement supposé.

2. La peur d'être remplacé(e)

 

Ce qui revient à la peur d'être abandonné(e). Pour l'inconscient, abandonner ou être abandonné c'est souvent pareil. On peut quitter et avoir la sensation d'avoir été quitté. C'est d'ailleurs souvent ce qui se passe en cas de relation extraconjugale : une personne est incapable de quitter mais s'engouffre dans une relation autre. C'est bien sûr se voiler la face sur la nature de la relation et sur son avenir. De nombreux couples se renforcent à la suite d'une présence tierce qui révèle la jalousie puis le désir.


3. La peur de la solitude


Cette peur découle souvent d'un manque de confiance en soi, qui nous pousse à rester avec celui ou celle qu'on a "réussit" à séduire un jour par chance. Pour contrer cette peur, il faut avoir la maturité suffisante et être rassuré(e) sur sa capacité à vivre seul(e), à assumer sa sécurité intérieure. Et ce n'est pas si facile quand on a toujours vécu avec quelqu'un d'autre, quand on est passé par exemple du confort du foyer parental à la douceur du foyer marital.
La femme seule aujourd’hui fait peur et envie en même temps aux autres femmes : rivale potentielle, elle bénéficie d'une liberté enviée. Et les hommes éprouvent à son encontre également un sentiment ambivalent : ils la voient disponible donc désirable mais aussi autonome donc dangereuse. Cette image de la femme seule véhiculée par la société peut faire peur et être très lointaine du ressenti d'une femme qui hésite à se séparer de son conjoint. Elle fait donc vaciller nos décisions.


4. La peur de perdre son confort


Dans tous les cas, nous savons que, nous les femmes, nous sommes perdantes financièrement en cas de séparation, même s'il y a pension alimentaire. Cette baisse de niveau de vie peut effrayer, si ce n'est pour nous au-moins pour nos enfants. Notre incapacité à leur offrir la même chose est intolérable. En tout cas, c'est comme cela que je l'ai ressenti quand j'ai divorcé. Et si nous avons la possibilité de nous "sacrifier" pour eux en restant, nous le faisons. Même si c'est un mauvais calcul.


5. La peur de l'échec

 

Ce sentiment est écrasant lorsque la rupture a lieu en milieu de vie. Cet échec fait échos durement à la "réussite " du couple qui nous est demandée dans la société. C'est aussi notre difficulté à renoncer à l'illusion du couple idéal : celui que nous nous sommes forgés dans notre tête dès l'enfance. Couple idéal renforcé par l'injonction inconsciente de la famille : faire aussi bien, voire mieux, que nos propres parents.
Or cette rupture amoureuse est rarement la première et nous savons qu'elle nous aide à franchir des étapes. Une étude américaine a d'ailleurs révélé que 80% des femmes et 58% des hommes se sentent plus heureux après leur séparation. Cette étape nous permet de repenser nos idéaux, nos priorités, nos besoins et nos attentes. On fait le tri, on hiérarchise. On est alors à nouveau disponible pour poursuivre notre vie de façon plus créative, plus proche de ce que nous sommes devenus. 


6. La peur de faire souffrir les enfants

 

Cette peur peut être assez écrasante. Quelle culpabilité j'ai pu éprouver à la pensée d'être incapable de leur offrir un foyer unit ! Or les études montrent que les enfants trouvent, eux, plus difficile d'avoir des parents qui se disputent que d'avoir des parents séparés. Ils vivent la séparation comme un soulagement.  Et je constate sur les photos les beaux sourires éclatants de mes enfants qui contrastent de façon éloquente avec leurs sourires mitigés pendant nos mois de dispute.

 

La peur, et ensuite ?

Voilà donc un beau paquet de peurs qui nous étouffent et nous empêchent d'agir. Que faire alors ? Comment gérer ces peurs ?
Pour moi, les reconnaître, les identifier c'est déjà commencer à s'en éloigner. 
Puis vient le courage : reconnaître ses peurs mais agir malgré elles, parce qu'on croit que notre action est juste. Quand nous ne nous sentons plus à notre place dans notre couple, osons avoir ce courage-là. Comprendre que la peur est incontournable et qu'elle fait partie du chemin de la séparation est déjà faire un pas en avant. Je n'avais pas eu ce courage mais aujourd'hui je remercie mon ex-mari de l'avoir eu à ma place. Il nous a offert la possibilité d'être heureux séparément au lieu de se condamner à vivre malheureux ensemble. C'est ce à quoi je vous invite à réfléchir...


Et pour vous ? Quelle est la peur qui vous envahit le plus ? Qui vous parle davantage que les autres ? En avez-vous identifié d'autres ? 

Prenez soin de vous et de vos belles pommes d'amour !
Céline



2 commentaires:

  1. Oui les représailles peuvent être lourdes. Se sentir jugée, punie, isolée...Autant de situations inconfortables. Je parle de situations classiques mais il me parait clair qu'en cas de compagnon violent, la peur des représailles est amplement justifiée et paralysante. N'oublions pas qu'en France, une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon. Il faut beaucoup de courage à ces femmes-là pour oser partir. Je leur témoigne beaucoup de respect. Puis il faudra aussi qu'elles puissent apprendre à se (re)construire après la rupture, à déculpabiliser, à voir à nouveau les choses sous un angle positif. Tout un chemin...

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